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Gilles Rochier

Gilles Rochier, la cinquantaine, auteur de bande dessinée, vit en cité depuis sa plus tendre enfance. Ainsi, derrière l’introspection personnelle de son œuvre principalement autofictionnelle, se révèle en filigrane la radiographie unique de l’évolution des  banlieues sur ces quarante dernières années. Enfant  des grands ensembles, autodidacte, l’auteur s’empare d’autant plus facilement de ce monde clos qu’il l’arpente depuis toujours. Véritable électron libre évitant le discours militant, il n’en reste pas moins un citoyen en mouvement, qui se confronte dès qu’il le peut au public « empêché » (prison, HP, hôpital) comme à celui des écoles, via des ateliers. Ce qui caractérise l’approche de Gilles Rochier, c’est le besoin de se représenter pour appréhender son environnement. Témoin de papier, ses dialogues, qui sentent le vécu, immergent immédiatement les lecteurs dans ce quotidien. Cette oralité ciselée, qui joue le mot comme on joue le ballon, au phrasé intuitif, rythmé et franc, fait d’ailleurs écho à un sens du détail très sensible dans le dessin. le trait, les motifs récurrents, les cadrages, témoignent en effet d’une connaissance minutieuse du terrain, et permettent aux récits de slalomer perpétuellement entre le petit détail parabolique et le grand tableau paysagiste, la cage à lapins et les grands ensembles, l’individuel et le collectif. Qu’elles soient autobiographiques ou plus fictionnelles, sérieuses ou farfelues, ses histoires s’ancrent perpétuellement dans un cadre au réalisme étonnamment palpable, parfois écrasant. C’est en racontant sobrement, à son échelle, que Gilles Rochier témoigne, sans se prétendre messager, ni se présenter en victime.

Avec Faut faire le million, quatrième volet de son implacable autofiction (après Temps mort, TMLP et La petite couronne) Gilles Rochier rentre dans le dur. Dur comme l’époque qui nous transperce, agitée de précarité et de violence...

© 6 pieds sous terre pour le texte 

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